Lotto 20 | GILBERT ALBERT (1930-2019)

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GILBERT ALBERT (1930-2019)

Bague en or jaune et or gris 18k (750 millièmes) à décor texturé de billes d'or et réhaussée de perles de culture en poire et petits ronds. Signée, numérotée
Poids brut: 14,1g - TDD: 60
(Manque un brillant)

Gilbert Albert, l’alchimiste des matières rares...
Peu de noms dans le monde de la haute joaillerie suscitent autant de fascination que celui de Gilbert Albert. Né à Genève en 1930, le créateur suisse s’est imposé comme l’un des artisans les plus singuliers du XXᵉ siècle, bousculant les codes du luxe avec une approche où la nature et l’art dialoguent en permanence. À contre-courant des pierres éclatantes et des métaux uniformément polis, il a choisi d’explorer les matières brutes, souvent délaissées : bois fossilisés, coraux, météorites, coquilles, os, pierres volcaniques. Autant de fragments du monde qu’il façonnait en pièces uniques, presque sculpturales.

Élève de l’École des Arts Industriels de Genève, Gilbert Albert rejoint en 1955 l’atelier de haute joaillerie de Patek Philippe, dont il deviendra rapidement le directeur artistique. Son travail marque alors une rupture : il apporte aux montres joaillières des lignes organiques, des asymétries assumées et une audace formelle rare dans l’horlogerie traditionnelle. Il poursuit cette démarche chez Omega, avant de fonder son propre atelier en 1962, convaincu que la liberté créative n’avait de sens que dans l’indépendance.

Sa démarche n’était pas seulement esthétique. Elle relevait d’une philosophie : donner une seconde vie à des matières que le regard ordinaire ne juge pas précieuses. « La nature est la plus grande des artistes », aimait-il rappeler, revendiquant la main de l’artisan comme un prolongement sensible du vivant. Chaque pièce était ainsi une rencontre entre hasard organique et savoir-faire méticuleux.

Reconnu à l’international, Gilbert Albert reçut à trois reprises le Prix de la Ville de Genève et fut l’un des rares joailliers à être exposé au Musée du Louvre. Pourtant, malgré cette reconnaissance, son nom demeure plus discret que celui de nombreuses maisons de luxe. Sans doute parce qu’il a toujours privilégié l’intimité du geste au clinquant du prestige.

Gilbert Albert s’est éteint en 2019, mais son héritage perdure : celui d’un créateur qui a su redéfinir le concept même de préciosité. En révélant la beauté de la matière brute, il a rappelé que le luxe n’est pas dans l’éclat, mais dans le regard que l’on porte sur le monde.